Coaching & Facilitation interculturelle
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Les bonnes résolutions qui rendent malheureux

"Quelles sont tes bonnes résolutions pour 2019?" C'est souvent la question qu'on entend début janvier. Surtout n'y répondez pas trop vite !

Parce que, de toutes les déceptions de la vie, il n'y en a pas de plus toxique pour le moral que de se décevoir soi-même.  
Mais qu'est ce qui nous pousse à construire un idéal de vie, à faire des projets, à écrire des listes de choses à faire? Ces plans sont parfois irréalistes et souvent dictés par des normes sociales que nous avons inconsciemment intégrées comme étant vraies. Exemple : perdre du poids, faire du sport, changer de boulot, arrêter le gluten/la cigarette, gagner plus d'argent, reprendre le piano, … En prenant des "bonnes résolutions", l'individu ne cultive-t-il pas son propre malheur? En effet, il prend le risque d'échouer à atteindre des objectifs qui ne sont peut-être même pas ce qu'il veut vraiment. Cette projection dans un futur soit-disant “radieux” l'empêche de s'aimer comme il est et de chérir ce qu'il a déjà, ici et maintenant .

J’ai bien aimé le livre de BurkemanL’antidote: le bonheur pour ceux qui ne supportent pas la pensée positive”. Ce journaliste britannique féru de psychologie est allergique aux livres de développement personnel (souvent d’origine américaine). Ils reposent sur une idéologie volontariste, un optimisme de commande qui encourage à ne regarder que l’aspect positif des choses et à “planifier” son bonheur.

Selon l’auteur, la pensée positive nous déconnecte de notre réalité au lieu de nous aider à accueillir le présent comme il est. La recherche agressive du bonheur conduit à son contraire, comme tous les volontarismes: c’est une loi de rétroaction identifiée par l’approche systémique des interactions humaines. L’optimisme requiert un effort constant et ne nous prépare pas à vivre les moments difficiles (inévitables) qui seront alors vus comme des échecs.

J’ai plutôt tendance au pessimisme, et même souvent à imaginer le pire. Il y a plus de 2000 ans, les Stoïciens le recommandaient comme une stratégie pour apprécier le présent. La “visualisation négative” de ce que nous pourrions perdre peut permettre de remettre les choses et les personnes aimées au centre de notre existence. Sénèque proposait de cultiver un état d’esprit de tranquillité. Cette dernière ne s’atteint pas en enchaînant des expériences joyeuses mais en cultivant une calme “indifférence” qui se construit en regardant les émotions et les expériences négatives en face plutôt que de les fuir. C’est plutôt tentant.

Je ne dis pas qu'il faut abolir les objectifs, au contraire. En coaching nous travaillons sur des objectifs concrets et mesurables. Mais nous prenons le temps et le soin de vérifier que ces buts sont écologiques (respectueux du corps et des valeurs de la personne) et vraiment importants pour notre client.  Surtout, le coaching permet au client d’identifier ses croyances et ses jugements: ce sont eux qui causent notre malheur, pas les gens ni les événements en eux-mêmes. Les émotions joyeuses ou tristes que nous ressentons sont déterminées par ces jugements que nous pouvons apprendre à changer. Découvrir que l’on a le pouvoir de modifier sa perception d’un événement ou d’une relation procure une délicieux sentiment de puissance, c’est la clé du bonheur!

En ces temps d’anxiété maximale et d’obsession de l’efficacité, ma résolution du Nouvel An est de cesser de mesurer ma productivité journalière avec des check-lists.

A la place, je préfère me demander chaque soir ce que j’ai appris, ce que j’ai reçu, et comment j’ai été présente, à moi-même et aux autres.

La façon dont tu passes tes journées, c’est la façon dont tu passes ta vie.

Chloé Ascencio