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Le bureau demain

J’ai eu l’occasion d’accompagner deux équipes dans un projet de déménagement qui suscitait des craintes importantes. Elles allaient perdre leurs bureaux individuels et avaient à décider si elles préféraient partager des bureaux à 2, 3 ou 4 ou carrément passer à l’open space. On n’imagine pas le bouleversement que cela représente, et les crispations que ce changement subi peut générer. Dans l’une des équipes, le directeur était très clair sur sa vision de l’espace et du style de collaboration qu’il souhaitait: open space et Fab lab sans hésiter et sans consulter son équipe non plus. Il prend beaucoup de place, parle beaucoup et ses deux managers n’osent pas vraiment le contredire.

Dans l’autre équipe, deux fois plus nombreuse, 25 personnes, la directrice craint de déplaire aux équipes.

Elle ne peut pas 's’appuyer sur ses managers car 2 vont partir et leurs remplaçants de n et celui qui reste est obstinément opposé au changement : loin de soutenir ses équipes vers cette inévitable transformation du mode de travail, il râle..

Quelle surprise lorsque les collaborateurs se prononcent en faveur de l’open space: “tant qu’à perdre notre bureau individuel, autant passer direct à l’open space car le pire c’est d’avoir à supporter quelqu’un tous les jours. Dans l’open space, paradoxalement on peut préserver un anonymat relatif qui permet intimité. Les équipiers veulent un bureau sans vis à vis, un cocon personnel. Cependant le collectif n’est pas sûr d’avoir envie d’un grand open space ou de deux espace. Certains proposent que les managers soient aussi dans l’open space. Cela fait bondir le manager qui dit “Un manager doit avoir son bureau individuel, c’est la définition du poste.” En prolongement de l’accompagnement la directrice organise un vote, puis un 2e tour.

au cours des dernières années, de nombreuses entreprises et administrations ont remplacé les bureaux individuels par des espaces partagés. Cette évolution fait l’objet de points de vue clivés entre, d’une part, des concepteurs qui mettent en avant l’augmentation de la densité d’utilisation de l’espace et la volonté de faciliter la communication et, d’autre part, des travailleurs qui pointent les interruptions et les difficultés de concentration dues au bruit et aux mouvements. Or, la reprise actuelle des activités sur site se caractérise par une forte hybridation : visioconférences, échanges en présentiel et travail individuel se combinent, de manière morcelée, dans une même journée de travail. L’open space n’est pas un lieu adapté pour ce type d’activité.

à l’échelle mondiale, seules 17% des directions prévoient de réduire la présence physique de leurs salariés au bureau, contre 69 % en août 2020.

Le télétravail a en effet déplacé les salariés hors du champ synchronisé qu’est le bureau. Un bureau qui agissait jusqu’à présent comme un lieu facilitateur, où les salariés se retrouvaient pour travailler, échanger, se rencontrer, sur un rythme commun, dans le but de produire ensemble. Cette unité de temps et d’espace, qui est au fondement d’une communauté professionnelle unie, est aujourd’hui éclatée entre la maison, le bureau et l’espace de coworking. Il est donc primordial de la recréer. Pour ce faire, il est nécessaire de réfléchir aux modalités d’un télétravail soutenable pour favoriser l’équilibre individuel et permettre la collaboration.

Chloé Ascencio