L'art d'agir sans effort
Les philosophes chinois avaient déjà observé il y a plus de trois mille ans qu’une action qui exige trop d’efforts suscite les réactions qui la feront échouer, un principe systémique redécouvert à Palo Alto dans les années 60. Plutôt que planifier et piloter activement le changement, le taoïsme suggère d’attendre le « bon moment », celui où le potentiel de situation est le plus favorable pour lancer une petite action facile qui va induire une grande transformation. Le "non- agir"无为 wu wei est donc l’art d’agir sans effort.
En management, c'est une approche fait grandir les collaborateurs dans leur autonomie et leur prise de responsabilité. Le manager peut alors préserver son temps et son énergie pour se consacrer à sa mission de stratège relationnel et enrichir sa vision au service de la performance collective. La philosophie chinoise taoiste est une vision du monde millénaire qui pense le changement (yinyang) comme central et cherche comment s’y adapter. Elle déploie une vision de l’efficacité aux antipodes de la nôtre. En Occident, nous avons une conception volontariste de l’efficacité et du leadership, le chef doit être proactif, pushy, assertif. A cette idéologie de l’effort « work hard, try hard » s’ajoute souvent la croyance selon laquelle il est efficace de (se) « mettre la pression » pour obtenir un résultat. L’efficacité taoïste est anti-volontariste, minimaliste et réactive. Non-agir n’est pas l’inaction résultant de la peur, de l’inertie ou de l’indécision mais l’art de l’agir sans effort :
- Soit par une non-action décidée, stratégique (pour un manager, c’est tout le champs de la délégation qui s’ouvre avec la notion de confiance en soi et en l’autre. Pour le coach, c’est une posture d’accueil silencieuse qui laisse beaucoup de place au client….).
- Soit via une petite action facile, qui ne requiert ni de pousser ni de tirer (pour un manager, apprendre à faire des pactes de délégation solides est le premier pas vers l’économie d’énergie et un pilotage léger, pour un coach, c’est la pacte de séance qui se renforcera, permettant ensuite un “agir en meta” minimaliste ).
Dans les deux cas, non-action stratégique ou petite action minimale, on observe un effet de levier (systémique) : peu d’effort pour créer un impact très important. S’initier à l’art agir sans effort permet d’apprendre à faire autrement et notamment de dire Non à ces « il faut » « tu dois » que nous dicte l’instinct d’Agir fondé sur la peur de l’échec et l’anxiété, pour laisser sa propre puissance d’être se déployer enfin.
« Agis sans faire, travaille sans effort » Laozi